Ari Folman avait 19 ans lorsqu'en 1982 Israël envahit le Liban. Il est envoyé au front comme des milliers d'autres jeunes Israéliens, et assistera impuissant aux massacres de Sabra et Chatila : des centaines de Palestiniens y furent en effet exécutés par les Phalangistes, la milice chrétienne, sous les yeux des soldats de Tsahal. Vingt ans plus tard, le réalisateur prend soudainement conscience qu'il a effacé ce désagréable épisode de sa mémoire. Certains de ses amis, anciens soldats eux aussi, sont victimes d'hallucinations, ou de cauchemars récurrents.

En interrogeant les témoins de l'époque, en sollicitant des psychiatres qui décryptent les visions des anciens soldats, le réalisateur recueille une version onirique et réinventée des douloureux événements, dont il fait un story board pour un dessin animé. L'animation très réaliste, dans la veine de Persépolis, donne une grande force à ce film.

Ce n'est qu'après avoir sondé la mémoire collective, que Ari Folman est parvenu à reconstituer la sienne : « La quête de souvenirs traumatiques enfouis dans la mémoire est une forme de thérapie », avoue le réalisateur. Mais son objectif n'est bien entendu pas seulement thérapeutique : comment ne pas faire le lien avec la situation actuelle du Liban et d'Israël ?