Familier du festival du film britannique de Dinard, j'ai pu déja voir 4 des films de Shane Meadows, non distribués en France, et participé à quelques échanges avec lui. Ce qui caractérise son travail tient à sa connaissance intime des milieux populaires des Midlands et à son parti pris de faire des films peu couteux, tournés rapidement et impliquant fortement les comédiens avec lesquels il maintient des relations de fidélité de film en film. This is England a été primé à Rome et à Paris et vient de se voir consacré meilleur film britannique 2007. Contrairement à ce qu'indique la présentation de ce film dans les carnets, S Meadows ne veut pas présenter les Skins comme des monstres, mais plutôt montrer la complexité de ce mouvement qui l' pris sous son aile alors qu'il n'était un ado de 13 ans dur et paumé. Le film permet, au contraire, de voir les contradictions qui traversent le mouvement et même les personnages les plus violents, comme Combo, qui tient un discours xénophobe qu'il en pratique violemment tout en s'en repentant dans l'instant qui suit. Sa relation avec Milky, d'origine Jamaïquaine, est avant tout empreinte d'ambivalence. S Meadows attribue ce glissement du mouvement Skin vers un nationalisme xénophobe au climat provoqué par la guerre des Malouines due à Maggie (the swat) Thatcher. Il rapproche d'ailleurs cette période de celle d'aujourd'hui avec l'engagement britannique en Irak aux côtés des USA. Au total "This is England" peut alimenter une réflexion débarrassée des préjugés intellectualistes en usage pour comprendre ce qui peut faire qu'une partie des classes populaires s'engage dans des voies qui vont à l'encontre de ses intérêts objectifs: puissance du sentiment d'appartenance à un groupe, processus d'identification à un leader, rituels et marques d'appartenance ... Cette dérive n'est possible que lorsque que le milieu est livré à lui même, abandonné par ceux qui étaient censés défendre sa cause ... En ce sens "This is England" n'est pas si loin de la France post présidentielles 2007.