Sorry We Missed You

Sorry We Missed You

de Ken Loach

Avec
Kris Hitchen
Debbie Honeywood
Rhys Stone
Katie Proctor
Ross Brewster

Genre : Drame

Nationalité : Grande-Bretagne

Année de sortie : 2019

Durée : 01h40

Version : Couleur

Public : Tout public

Au chômage, Ricky se décide à devenir livreur à son compte. Autant dire que cet homme, marié à une assistante de vie qui déborde d’humanité et père d’un ado un peu difficile, a signé avec son propre sang pour être en mesure de s’exploiter lui-même, puisque dans un système « uberisé » il va devoir trimer d’arrache-pied pour espérer joindre les deux bouts.

Avec l’acuité visuelle, la compassion et la précision qu’on lui connaît, Ken Loach (82 ans…) s’intéresse maintenant à l’autre versant de ce monde du travail qu’il a si souvent mis en scène : celui où le prétendu auto-entrepreneur devient non seulement son propre exploiteur, mais aussi un monde qui organise la concurrence entre ces pauvres prêts à tout pour donner un semblant de dignité à leur vie et à leur famille.

 

Bande annonce

Les séances : Vous pouvez Acheter vos places en ligne

Ce film a été programmé aux cinémas Studio

  • Semaine du Mercredi 23 Octobre 2019 au Mardi 29 Octobre 2019
  • Semaine du Mercredi 30 Octobre 2019 au Mardi 5 Novembre 2019
  • Semaine du Mercredi 6 Novembre 2019 au Mardi 12 Novembre 2019
  • Semaine du Mercredi 13 Novembre 2019 au Mardi 19 Novembre 2019
  • Semaine du Mercredi 20 Novembre 2019 au Mardi 26 Novembre 2019

Définition des pictos :


  • Séance 3D
  • Ciné Relax
  • Version française
  • V.O + Sous-titrage (FR)
  • Sans Paroles
  • Audio description

Votre avis

    Commentaire de Jacques Chenu |

    Je ne suis jamais déçu par Ken Loach. Là encore, son réalisme, son empathie, son humanisme, la puissance de sa dénonciation des dérives libérales de la société anglaise, font mouche. Comme le dit un petit chef uber au début du film, dans ce monde, il y a les perdants et les guerriers… Ses héros ordinaires, magnifiques personnages et bon guerriers prolétaires, se battent avec acharnement pour s’en sortir, mais plus ils avancent dans les sables mouvants du libéralisme ubérisé, plus ils s’enfoncent.
    Malgré la noirceur de la situation, Ken Loach réussit à placer quelques pointes d’humour au début du film, mais un dénouement heureux est malheureusement impossible. Qu’on puisse encore croire au modèle anglais laisse pantois. On en sort révoltés.

    Commentaire de Hervé RIGAULT |

    Un condensé angoissant du fonctionnement du modèle social qui s'est imposé en Angleterre et qui gagne aujourd'hui la France. Soyons des Loachiens conséquents: tous dans la rue et tous en grève à partit du 5 décembre !

    Commentaire de Jean-Pierre Lautman |

    Chacun connaît le terrible constat de Macbeth au moment de sa chute : « La vie n'est qu'une ombre qui passe, un pauvre acteur qui se pavane et s'agite durant son heure sur la scène et qu'ensuite on n'entend plus. C'est une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien. »
    Le Newcastle d’aujourd’hui que dépeint Ken Loach, ville qui pourrait être n’importe quelle grande ville touchée par l’ubérisation, n’a rien à envier à l’Écosse médiévale. L’humain dans l’homme y est autant menacé. A cette différence près que le moyen-âge, lutte permanente contre celui qui menace la tranquillité du groupe social, réclame un pouvoir puissant pour en obtenir protection. Le château-fort symbolise cette protection.
    Pas de château ni de protection pour Ricky, le père, Abby, la mère, leur adolescent de fils en rupture scolaire et leur adorable fillette ; tous baignent dans un simple rêve du pater familias qui aime autant sa femme que ses enfants : gagner suffisamment pour pouvoir s’acheter une maison et posséder au moins cela. Déçu par tous ses emplois, courageux, prêt à tout à condition que la loi soit toujours respectée, Ricky est engagé par une plateforme de livraison d’objets de toutes sortes. Livrer le plus vite possible le plus de choses possibles devient son quotidien cependant que celui de sa femme est d’assister, chez eux, des personnes âgées ou des handicapés pour des services définis par son employeur invisible.
    Au départ, tout va bien. Et puis, lentement, l’horlogerie se détraque. Le garçon ne supporte plus cette société dans laquelle ses parents travaillent comme des damnés.
    Mais ici, « les damnés de la terre » même s’ils ne sont pas des « forçats de la faim » ne se lèvent pas. La dissension entre dans la famille, en bouleverse les codes, piétine l’amour de chacun pour chacun et débouche sur la désolation. Si le père ne se suicide pas brutalement comme font tant de travailleurs aujourd’hui pressurés par le système économique devenu fou, il est clair que la dernière séquence incite à penser qu’il va se suicider socialement en perdant toute son humanité. L’histoire de Ricky est une « histoire dite par une victime, pleine de bruit et de fureur, et qui laisse le capitalisme débridé dicter sa loi. »
    Film-réquisitoire contre un ordre intolérable que nous tolérons trop souvent. Film qui ne juge jamais mais montre les dégâts engendrés par le primat de l’argent sur toutes les valeurs de la vie.
    Comment ne pas citer ici Péguy et sa lucidité prémonitoire qui écrivait au début du siècle dernier :

    « Pour la première fois dans l'histoire du monde l'argent est seul devant Dieu.
    Il a ramassé en lui tout ce qu'il y avait de vénéneux dans le temporel, et à présent c'est fait. Par on ne sait quelle effrayante aventure, par on ne sait quelle aberration de mécanisme, par un décalage, par un dérèglement, par un monstrueux affolement de la mécanique ce qui ne devait servir qu'à l'échange a complètement envahi la valeur à échanger.
    Il ne faut donc pas dire seulement que dans le monde moderne l'échelle des valeurs a été bouleversée. Il faut dire qu'elle a été anéantie, puisque l'appareil de mesure et d'échange et d'évaluation a envahi toute la valeur qu'il devait servir à mesurer, échanger, évaluer.
    L'instrument est devenu la matière et l'objet et le monde. »

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