ce qui frappe dès les premières images , c'est le physique de robert de niro . il nous apparait énorme , bouffi , le visage meurtri et le cigare vissé au coin des lèvres . son personnage a vécu d'énormes souffrances et l'acteur l'a traduit physiquement en prenant une vingtaine de kilos . puis , un rapide flash-back nous ramène vingt ans auparavant au beau milieu d'un ring . cette fois , l'allure de l'acteur est celle d'un champion , le regard est clair et la musculature impressionnante . puis , la violence ... inouie . jamais un combat de boxe n'a été filmé de manière aussi crue , réaliste . le choc des poings sur les visages , les flashs incessants des appareils photos , les commentaires monocordes des journalistes , les cris du public , tout nous saisit pour nous placer au centre d'un ring pour y subir la violence animale d'un combat de boxe . la caméra virevolte autour des personnages , entre opéra et documentaire . la photo en noir et blanc du film est sublime et la texture meme de l'image crée un malaise : du sang , de la sueur ? la gestion du temps est aussi un aspect fondamental des scènes de combat . lié au son et à l'image , le temps est tour à tour accéléré quand on reçoit le cuir des gants de boxe en pleine face , et figé , quand le corps s'écroule sur le ring . la parti pris de filmer les combats à l'intérieur du ring tend à responsabilliser le spectateur quant à l'atrocité dont il est le témoin impuissant . les scènes de violence vécues sur le ring par le personnage de La Motta se répercutent dans sa vie privée où il devient jaloux au point de briser sa famille . lorsqu'il se retrouve face à lui-meme devant son miroir ,lors d'une dernière scène poignante , c'est un homme meutri mais libéré du poids de ses fautes qui se remémore sa vie , en citant les dialogues déchirant du film d'elia kazan "sur les quais" que l'on croirait tout droit sortis d'une conversation entre son frère et lui . ce film est considéré par beaucoup ( dont votre serviteur ) comme le meilleur de son auteur .