Chaque soir, deux enfants imaginatifs et curieux se retrouvent dans un cinéma désaffecté. A l'aide d'un technicien et de plusieurs ordinateurs, ils se déguisent et miment en ombres chinoises six contes situés dans des époques différentes.

1- Une princesse retenue prisonnière dans un lieu secret. Tenter de la délivrer peut vous tuer.

2- L'Egypte. Un fellah, un figuier miraculeux, une reine toute puissante, un intendant fourbe, un coup de théâtre.

3- Le Moyen Age. Un garçon déclare qu'il va entrer dans le château d'une sorcière, mais la forteresse paraît imprenable.

4- Le Japon. Un malfaiteur tente de dérober le manteau d'une vieille dame. Il ne tardera pas à le regretter.

5- Science-fiction. Une reine cruelle tue ses prétendants à l'aide de son " mégaradar ". Un soupirant plus malin que les autres réussira-t-il à y échapper ?

6- Dans un parc romantique, un prince et une princesse s'embrassent (sur la bouche !) et se transforment en animaux.

::::::::::::::::::::::::::::::::

Michel Ocelot a attendu dix ans avant de pouvoir montrer ce film en salles. Le succès inattendu de " Kirikou et la sorcière " lui permet aujourd'hui de dévoiler un bijoux au public : six contes en ombres sortis d'un placard et qui n'avaient bénéficé jusque là que de projections dans des festivals.
Le principe de fabrication qui paraît simple a pourtant demandé un travail faramineux de précision. Une caméra 16 mm filmait une table-plaque de verre sous laquelle des ampoules ordinaires éclairaient à contre-jour les éléments qui s'y trouvaient : une feuille de décors, des personnage découpés dans du Canson, de la pâte à modeler et des maquettes en trois dimensions... le tout à animer bien sûr image par image. " Tout cela était du trapèze sans filet..." ,avoue Ocelot " ...aucun trucage en laboratoire et aucune possibilité de voir ce que nous faisions à l'aide de quelqu'enregistrement numérique...."
Un travail à l'aveugle qui porte malgré tout ses fruits et une simplicité technique en phase avec la narration.

Très pédagogiques (mais pas trop), ces contes surprennent le spectateur par leur beauté et leur lisibilité. Loin des effets spéciaux de " Star wars " et du sophistiqué " Tarzan " made in Disney, Michel Ocelot fascine petits et grands avec trois chiffons et deux ficelles. Mariant avec un talent inné les ombres et les couleurs, le réalisateur capte ainsi l'attention d'un auditoire émerveillé et rend ses personnages étonnement attachants.
Tout semble alors ici motif de satisfaction. On visite avec bonheur des époques et des cultures hétéroclites et de ces antagonismes flagrants, naît une universalité des sentiments et des valeurs humaines : l'amour, la haine, la peur, la jalousie, le dépassement de soi... c'est de cette harmonie que nos émotions suscitent une admiration sans fin pour ce " court " long-métrage hors du commun.

Ancré dans un imaginaire envoûtant et fabriqué par un sorcier de l'illusion, " Princes et princesses " accède alors au Panthéon des chefs d'oeuvre de l'animation. Merci Monsieur Ocelot.
www.ecrannoir.fr