Hasard de la programmation, Plan 75 sort alors que nous apprenons que Jean Luc Godard a eu recours au suicide assisté pour échapper à la souffrance et que le débat politique rebondit sur la question du droit à pourrir dans la dignité. Mais le propos est différent Hayakawa n’anticipe pas sur sur un nouveau droit dont pourraient bénéficier les japonais mais bien sur un business plan néolibéral visant à faire disparaître sans faire de vagues une population âgée qui plombe l’économie du pays.
Le film est à la fois délicat et efficace qui, par petites touches jouant du clair obscur et de la faible profondeur de champ nous fait d’abord découvrir les fins de vie difficiles de nombreuses personnes âgées au Japon comme dans un documentaire en même temps que le système fictionnel d’extermination de masse très aseptisé et très rentable imaginé par la réalisatrice. Puis, le film se focalise sur trois ou quatre personnages attachants qui vont être les grains de sable qui vont déjouer le système sans, bien sûr, pouvoir le remettre en cause.
A la réflexion c’est moins l’euthanasie qui est interrogée que son instrumentalisation et la puissance du dispositif de consentement social qui la soutient .