Ce film est un huis-clos oppressant, le spectateur se trouve enfermé à la fois dans le corps de Vincent, le personnage principal, et dans les murs d'une villa. Paradoxalement, l’action se déroule dans une vaste et luxueuse maison et le grand parc qui l’entoure, mais on respire peu et mal dans cet univers obscur de luxe et de magouilles.
On suit Vincent au plus près, le spectateur perçoit ses hallucinations, ses acouphènes, à travers des cadrages savants et une bande son très travaillée. C’est un grand fauve las, mutique, fasciné par la gazelle qu’il est chargé de protéger contre d’inquiétants prédateurs, invisibles, mais omniprésents. Il la dévore virtuellement des yeux à travers les optiques des multiples caméras de surveillance disposées dans tous les coins de la villa et du parc. On sent peut-être poindre là le propos de la réalisatrice, Alice Winocour: la multiplicité des moyens de surveillance ne fait qu’accroître le sentiment de peur, de malaise, sans apporter la moindre efficacité sur le plan de la sécurité. Cependant, la réalisatrice s’intéresse davantage aux liens qui se nouent entre Vincent et Jessie qu’au trafic d’armes et autres magouilles du richissime mari. Finalement, le lion se mue en bon chien fidèle, prêt à se sacrifier pour sauver sa maîtresse. Le bon toutou sera-t-il récompensé ?