On a découvert Lise Akoka et Romane Gueret, les réalisatrices, avec Les Pires en 2022, mais avant ce premier long métrage remarqué, elles étaient déjà les autrices de Tu préfères ?, une web série où elles donnaient la parole à des adolescent.e.s. Dans ce travail au long cours initié en 2020, Shirel Nataf (Shaï) et Fanta Kebe (Djeneba) tenaient les rôles principaux. On les retrouve ici, quelques années plus tard, désormais jeunes adultes ; l’une, Shaï, tentant de voir où elle en est dans sa relation avec celui qu’elle aime mais que sa famille désapprouve, l’autre, Djeneba, portant sur ses épaules la responsabilité de son petit frère depuis que sa mère est partie. Vivant toutes les deux à Paris, Place des fêtes, un quartier populaire du 19ème arrondissement, elles vont être engagées comme monitrices dans une colonie de vacances qui emmène des enfants du quartier dans la Drôme pour une semaine. Mais s’occuper d’enfants, parfois turbulents et souvent déstabilisants, ne s’improvise pas forcément, surtout quand il faut déjà apprendre à se gérer soi-même...

Comme dans Les Pires, l’effet de réel est très fort et cette colo semble plus vraie que nature. Les enfants sont d’un naturel bluffant et l’équipe qui les encadre n’est pas en reste ; de la mono en permanence angoissée à la directrice parfois dépassée (incarné.e.s par quelques acteur.ices déjà croisé.e.s, comme Idir Azougli, vu récemment dans Météors, Suzanne de Baecque, ce mois-ci dans Laurent dans le vent, ou Amel Bent, la chanteuse, très convaincante dans son premier rôle au cinéma). Les situations, aussi bien du côté des enfants que du côté des adultes, sont prétextes à de multiples gags et les dialogues, tout aussi amusants, fusent à toute vitesse. L’humour, la vitalité prédominent et nous entraînent, dans cette semaine hors du quotidien, qui rappellera forcément des souvenirs à toutes et tous, même si l’on ne vient pas du même milieu que les protagonistes.

Si Ma frère n’était que cette comédie alerte, parfaitement menée et franchement drôle, ça serait déjà beaucoup, mais, encore mieux, le film prend vite une autre dimension. Celle, sans avoir l’air d’y toucher, d’aborder des sujets graves (conflits religieux, parentalités défaillantes, entre autres) et, peu à peu, d’aboutir à une émotion puissante. Ce mélange de rires et de larmes, qui prône la force du collectif et met en avant l’acceptation des différences, rend le film assez unique, le tout avec un regard chaleureux et aimant sous le soleil d’été de la Drôme. Que demander de mieux pour bien commencer 2026 ?

JF