Iran, 2001. Rahimi, journaliste, va dans la ville sainte de Mashhad pour enquêter sur des féminicides. Elle découvre que les crimes (une bonne quinzaine tout de même) sont l’œuvre d'un seul homme, un père de famille ordinaire qui se prétend investi d'une mission divine, purifier la ville de ses péchés, en tuant des prostituées...

Né en Iran mais vivant en Suède, Ali Abbasi a marqué les esprits avec Border. Il réalise ici un film noir qui se déploie de façon très originale. Car, une fois démasqué, le serial killer va trouver dans la population un soutien inattendu, rendant le film aussi ambigu que complexe. Et, en plus d'une vision du pays tel qu’il n'est jamais montré dans les films iraniens, le film est soutenu par une actrice exceptionnelle, Zar Amir Ebrahimi. Mise en cause par un ancien fiancé dans une affaire de sextape, le scandale qui s’en est suivi l'a mise en danger (elle a été menacée de coups de fouet) et a ruiné sa carrière (interdiction de tourner), l'amenant à fuir et à se réfugier en France.

Prix d'interprétation au dernier festival de Cannes, elle a déclaré en le recevant : « Ce qui m'a fait quitter l'Iran, c'était quand même une histoire grave. J'ai eu cette expérience d'être insultée, harcelée. Les Nuits de Mashhad parle des femmes, de leur corps, c’est un film rempli de haine, de mains, de pieds, de seins, de sexe, tout ce que l’on ne peut montrer en Iran. Merci Ali Abbasi d‘avoir été si fou et si généreux. Merci de cette réalisation, de cet art si puissant. »

JF