Une fois n'est pas coutume, deux rédacteurs des Carnets ont rédigé une présentation de ce film qu'ils ont tous deux énormément apprécié (et ils sont loin d'être les seuls!).

"Quand j’étais enfant, ma mère disait : « Les garçons et Guillaume ». Ce "et" m’a fait croire que pour rester unique aux yeux de cette Maman., pour me distinguer de cette masse anonyme qu’étaient les garçons, il ne fallait surtout pas que j’en sois un. J’ai tout fait pour être une fille, donc, et quel meilleur modèle que ma mère ? Peu à peu, j’ai pris la même voix qu’elle, les mêmes gestes, les mêmes expressions. Je ne suis pas devenu efféminé, mais féminin, m'appropriant Maman ». Devant la caméra,Guillaume Gallienne joue à la fois le rôle de sa mère et son propre rôle.

A partir d'un one -man -show où il jouait comme un acteur de théâtre, Guillaume Gallienne a réussi le tour de force de réaliser un film en adoptant une autre voix plus naturelle et sans qu'il y ait de répétition.

C'est à la fois un film comique et profond qui se nourrit de l'identification à sa mère et de sa propre existence. Guillaume Gallienne considère son premier film comme une déclaration aux femmes. En ces temps où la grisaille domine, laissez-vous offrir humour, tendresse et sincérité !

Film récompensé à la Quinzaine des Réalisateurs et au festival de Deauville.  

MS

« Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : « Les garçons et Guillaume, à table ! » et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : « Je t’embrasse ma chérie » ; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus ».

C’est sur ces malentendus que Guillaume Gallienne (à la fois sociétaire de la Comédie Française et comique populaire, notamment à la télévision) avait construit un one man show qui avait connu un grand succès public. Pour l’adaptation sur grand écran, il s’est démultiplié puisqu’il en est à la fois le scénariste, le réalisateur et le double acteur vedette jouant à la fois son propre rôle (à différents âges de son histoire familiale) et celui de sa mère, une grande bourgeoise à la fois froide et crue.

Et ce premier film est une véritable réussite avec des scènes hilarantes, particulièrement cruelles dans l’autodérision, mais dont la férocité est toujours rachetée par une touchante sincérité. Critique sans concession d’une famille aisée, véritable nid à névroses, ce film est à la fois un hymne gai et mélancolique à la différence et une paradoxale et émouvante déclaration d’amour à sa mère.

A ne pas manquer en ces temps de morosité ambiante.

DP