"Telle que je l’ai vécue et la vois encore, la jeunesse est un moment très dur : d’un côté, on nous explique que c’est le plus bel âge de la vie ; de l’autre, la parole des jeunes est toujours dénigrée. J’ai entendu toutes sortes de théories au sujet de ma « génération », qu’elle était X, Y, ou WTF, apolitique, triste, perdue, immature, consommatrice de drogues et de fringues, accro à la technologie. Des jeunes, je peux dire la même chose que ce que Virginie Despentes écrivait il y a dix ans au sujet des femmes au début de King Kong Théorie : « depuis quelque temps, en France, on n’arrête plus de se faire engueuler. ». Alors j’ai pensé un film dans lequel je pourrais mettre tout ce que je n’avais pas pu entendre, dire, voir et montrer depuis mon adolescence."

Pour son premier long métrage M. Bareyre a choisi d’aller à la rencontre de jeunes Parisiens noctambules. Entre les attentats de Charlie et l’élection présidentielle il s’est efforcé de capter une ambiance et un état d’esprit qui traversait les rues. Pour tenter de donner la parole à ceux pour qui elle est souvent ramenée à un cliché. Il y a de la colère ou de l’enthousiasme chez ceux qu’il filme, et aussi une forme d’ivresse et de poésie pour ceux qui regardent.

Un premier film, documentaire donc, qui a beaucoup séduit la critique, qui le rapproche parfois de la démarche de Chris Marker, voire de Jean Rouch.

A travers ses déambulations nocturnes, M Bareyre essaie de capter quelque chose de l’air du temps (comme le dit le titre) et il fait avec beaucoup de grâce, en utilisant au mieux l’image et le son (avec le choc entre la poésie urbaine du rap et des musiques électro et les violes de gambe d’une folia baroque). On y rencontre des personnages étonnants… et notamment Rose, bouleversante d’énergie, d’intelligence… et d’une certaine forme de désespoir.

Car flotte en arrière fond, la violence qui ne quitte pas notre pays depuis des années...

DP