On a beau habiter dans le pays du « Bonheur National Brut », quand on s'appelle Ugyen, que l'on est jeune instituteur et citadin, le rêve, c'est de partir en Australie pour y devenir chanteur. Mais, pour sa dernière affectation avant son départ, Ugyen est envoyé à Lunana. Et Lunana, qui compte une cinquantaine d'habitants, c'est le village le plus isolé du Bouthan, perché à plus de 5000m d'altitude et accessible uniquement à pied, après une bonne semaine de marche depuis la dernière route. Ce rat des villes, qui ne se sépare jamais de son portable et de ses écouteurs, s'y rend donc sans enthousiasme aucun, d'autant qu'à Lunana électricité, connexion internet ou réseau téléphonique sont aléatoires, sans parler du confort rudimentaire, loin de celui auquel notre héros a, jusque-là, été habitué...

Rappelant d'autres films comme La Coupe de Khyentse Norbu Rimpoche ou Sing Me a Song de Thomas Balmès, L’École du bout du monde est peut-être le plus réussi et certainement le plus « feel good movie exotique » des trois. Mêlant professionnels et amateurs (les écoliers sont les véritables enfants de Lunana), ce premier long métrage de Pawo Choyning Dorji est un très beau voyage initiatique. Le récit est certes classique mais pas sans surprises ; sa simplicité apparente n'est jamais mièvre et sa belle fluidité narrative réussit même à provoquer un sentiment de plénitude assez rare.

Situé dans des paysages à couper le souffle, aussi tendre que délicieux, le film est également plein d'humour. Vous pourrez y apprendre comment allumer du feu avec des bouses de yack séchées, ou pourquoi, toujours à propos de cet animal, le titre anglo-saxon du film est Lunana : A Yak in the Classroom.

 Loin du documentaire pédagogique édifiant que son titre pourrait laisser craindre, L’École du bout du monde est la promesse d'un dépaysement garanti.