3h30. Perso je n’ai jamais décroché tant le film, aux clés d’entrée multiples, est riche de situations significatives.
Le cinéma portugais contemporain est profondément travaillé par la question coloniale et néo coloniale. Le périple du « naïf » (c’est ainsi qu’il se définit lui même Pedro) sur les routes, sur les chantiers, dans les bars, les salles de danse, les lits, la brousse , la ville … l’amènent à être pris (corps et âme) dans les multiples contradictions (raciales, de genre, ethniques, linguistiques, et surtout économiques) et les tensions de tous ordres qui font le quotidien de la Guinée Bissau 50 ans après l’acquisition de son indépendance formelle. C’est le monde de tous contre tous sans aucune fioriture qui se révèle ici. Le couteau domine largement le rire.Pas de place pour les bons sentiments Cela peut être justifié , notamment par l’étonnant discours marxisant porté par le cynique et opportuniste Horacio : pas de temps à perdre dans la compétition économique mondiale , surtout quand on part avec du retard. Olga, femme d’un ouvrier travaillant sur le chantier d’une route portée par une ONG pour le moins ambivalente, rejette , pour sa part, la marchandisation du monde qui détruit les sociétés traditionnelles africaines.
Ce faisant, « Le rire et le couteau » parvient à déstabiliser certaines des représentations et convictions que l’on pouvait croire solidement ancrées dans nos esprits.