Décidément le vieux Clint a encore quelque chose à dire. Contrairement aux attentes, ce n’est pas un propos réactionnaire sur les superhéros et la grandeur de l’Amérique, mais le portrait subtil d’un personnage qu’on perçoit de prime abord comme un gros con, facho débile, amateur d’armes et de malbouffe, obsédé par l’ordre. En ces temps de grossophobie, on découvre petit à petit un type sensible, lucide et intelligent. C’est un beau travail d’empathie, on finit par prendre parti pour ce pauvre gars victime d’une injustice criante.
La distribution est parfaite, tous les acteurs sont extrêmement convaincants, y compris les seconds rôles, la mise en scène est efficace sans être trop clinquante et le récit est bien mené, haletant de bout en bout.
Eastwood se livre à une dénonciation ravageuse du comportement des journalistes moutonniers prêts à tout pour un scoop, et les dérives du FBI qui cherche aveuglément LE coupable idéal sans se soucier des preuves. Décidément, les maux de la société étasunienne n’en finissent pas de nous étonner et de nous confondre par leur étendue et leur gravité.