La Zone d'intérêt
de Jonathan Glazer
Genre : Drame,
Nationalité : Allemagne
Année de sortie : 2024
Durée : 01h46
Version : Couleur
Public : Tout public
Comment montrer l’inmontrable ? Après Claude Lanzmann et Alain Resnais, après Laszlo Némes et son Fils de Saul, Jonathan Glazer nous fait vivre avec la famille du commandant Höss, dans une belle villa collée au camp d’Auschwitz. Et c’est dans un (presque) constant hors-champ que l’horreur est évoquée : la fumée des fours plane au-dessus des glaïeuls, les bruits de bottes s’immiscent dans la belle salle à manger. Les enfants jouent dans le jardin, la maîtresse de maison met les petits plats dans les grands : le mal est d’autant plus banal qu’on refuse de le voir. Des choix forts, y compris dans l’esthétique des couleurs qui rappellent les films super 8 tournés par n’importe quelle famille.
Un film bouleversant qui nous met face à l’irregardable.
Bande annonce
Les séances : Vous pouvez Acheter vos places en ligne
Du Mercredi 22 Janvier 2025 au Mardi 28 Janvier 2025
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Vendredi 24 Janvier :
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Dimanche 26 Janvier :
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Mardi 28 Janvier :
Définition des pictos :
- Séance 3D
- Ciné Relax
- Version française
- V.O + Sous-titrage (FR)
- Sans Paroles
- Audio description
Votre avis
Commentaire de Jacques Chenu |
Ce film me hante tous les jours, il a une force incroyable (j’ai eu la chance de le voir 2 mois avant sa sortie). On ne voit rien des horreurs du camp, on entend juste quelques bruits, des aboiements, tout est dans le hors-champ, dans le non-dit, les allusions…
C’est la vie quotidienne d’une famille tout à fait normale, avec ses joies, ses petits soucis, d’une banalité exemplaire. Selon Madame Höss, la femme du chef du camp (Sandra Hüller, parfaite comme toujours), c’est même une vie rêvée… alors que nous sommes à Auschwitz. Pour une fois, il faut écouter un film plus que le regarder, sauf la fin, implacable. Pour moi, c’est LE film de l’année, à voir absolument.
Commentaire de DIDIER BOUCARD |
Quel film incroyable
Scotché même après le générique
Cette idée de filmer l’horreur, sans la montrer vraiment
Quelle force
A transmettte en ces temps où la bête immonde ….
Commentaire de Hervé RIGAULT |
Le couple Hoss, leurs cinq enfants et leur chien en leur domaine champêtre d’Auschwitz. Point. Les monstres ont un visage (presque) banal. L’approche est davantage comportementaliste que psychologique ou politique. Madame, un peu Lady Macbeth, est quand même inquiétante de par sa cupidité et son autoritarisme. La fiche Wikipedia m’apprend, d’ailleurs, qu’en 1945, c’est elle qui aurait livré son mari aux services secrets alliés, il finira, en 1947, pendu à Auschwitz après un procès qui a inspiré Robert Vergne (La mort est mon métier).
Le film est très travaillé dans sa forme, mais certaines scènes ou certaines répliques sont énigmatiques ou tombent à plat (par exemple, Hoss s’interrogeant au téléphone sur la possibilité de gazer le théâtre d’Orianenburg). Peut être parce que Glazer n’a pas osé aller jusqu’à reprendre le ton humoristique (montypythonien selon certaines critiques) qui caractérisait semble t il le roman d’Amis (que je n’ai, personnellement, pas lu) ?
Je sors de la salle en me posant la question : et aujourd’hui n’ y a t il pas d’autres Hoss ? Madame Oudé Castera, toutes proportions gardées, par exemple ?
Commentaire de Hervé RIGAULT |
Et si les murs d'enceinte du camp évoquaient ceux qui séparent les territoires israéliens et les territoires palestiniens ?
Commentaire de Hervé RIGAULT |
C'est Robert Merle qui a écrit "La mort est mon métier", mea culpa !
Commentaire de Thierry FOULLON |
(Attention spoiler !)
Un couple aryen modèle rêvait de construire l'avenir national socialiste : plein d'enfants blonds gambadant dans le jardin d'une charmante maison à la campagne...mais 2,5 à 3 millions de personnes vont mourir à quelques mètres, dans l'enfer . Il finira au bout d'une corde sur ces lieux mêmes, elle aurait aussi mérité ce sort. Ou est l'humanité? elle est là quand même et se niche dans la jeune polonaise qui, la nuit, va cacher des pommes pour dans la terre que les détenus aient un peu de réconfort.
Commentaire de Philippe Plisson |
Bizarrement, ce film m'a autant ennuyé (qu'y a t-il de plus chiant qu'un quotidien nazi ?), enfin surtout dans sa première partie, que secoué intellectuellement. Le genre de film qui ne laisse pas indifférent ; un film intelligent qui fait s'interroger, à l'image de la dernière scène contemporaine que j'ai trouvée très forte.
Je ne vois pas, comme Jacques, une "famille tout à fait normale", mais une famille profondément nazie, nazie jusqu'au bout des ongles, qui vit cyniquement sa piètre utopie nazie ; une sorte de synthèse ultime, le mari portant logiquement les habits des bourreaux, la femme en revanche ceux des victimes ; cette dernière est en outre accrochée à son "idéal" ou "espace", puisqu'elle déclare "das ist unser Lebensraum" et affirme de facto la vie (Leben) là-même où tout n'est que mort. Une inversion totale des valeurs humaines. On peut même se demander si la maison n'est pas, finalement, l'allégorie d'une famille elle-même prisonnière de son idéologie, les murs étant à la fois ceux du camp et du jardin.
L'omniprésence des cendres, la présence menaçante des chiens, m'ont remis en mémoire le poème de Paul Celan : Todesfuge (à écouter sur YT, dit par lui-même). Cela commence par le fameux "lait noir" et donne ceci en VO (pour le tout début) :
Schwarze Milch der Frühe wir trinken sie abends
wir trinken sie mittags und morgens wir trinken sie nachts
wir trinken und trinken
wir schaufeln ein Grab in den Lüften da liegt man nicht eng
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