Constance est une sorte de Rosetta (Frères Dardenne) agricole. Comme Rosetta l’ouvrière, dès le début du film, on la suit en caméra portée dans des dédales, de parcs à bestiaux et de couloirs, déterminée, elle fonce sans hésitation, au contact des hommes et des bœufs.
Le titre résume bien le propos du film, l’agriculture est un monde d’hommes, violent, brutal.
Diane Rouxel / Constance est fascinante, aussi convaincante qu’Émilie Dequenne, elle se bat avec acharnement pour trouver sa place dans la société et surmonter tous les obstacles administratifs, économiques et surtout machistes. On est dans un monde d’hommes, rugueux, condescendant, méprisant, tous les coups sont permis…
Le tour de force de Naël Marandin, le réalisateur, c’est d’avoir réussi à faire un énième film sur le monde agricole très original dans le choix du point de vue. L’héroïne est une jolie jeune femme, gracieuse et gracile, parfaitement à son aise au contact des bovins en salopette maculée de boue et bottes de caoutchouc.
Le film explore à la fois les arcanes de la SAFER et des syndicats agricoles, les luttes de pouvoir à l’intérieur de ces institutions, la complexité des dossiers qu’un jeune exploitant doit constituer pour s’installer, mais c’est aussi une étude subtile de la personnalité et de la psychologie de Constance confrontée à des humiliations et à des enjeux de pouvoir qui la dépassent.
La Terre des Hommes est un film foisonnant, passionnant et émouvant de bout en bout.