« Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron. Non non non non, rassurez-vous, ce n’est pas, Le Petit Poucet ! Pas du tout. Moi-même, tout comme vous, je déteste cette histoire ridicule. Où et quand a-t-on vu des parents abandonner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir ? Allons... »

Ainsi commence La Plus précieuse des marchandises, un conte écrit par Jean-Claude Grumberg et dont ce film est l’adaptation. Et c’est la voix de Jean-Louis Trintignant, immédiatement reconnaissable, que l’on entend. Autant dire que le film commence sous le signe de l’émotion, comme si, revenu des morts, l’acteur nous accompagnait le temps de la projection.

Ce bûcheron et cette bûcheronne très pauvres survivent comme ils le peuvent dans un pays en guerre. Un jour, en ramassant un fagot de bois, la bûcheronne entend des cris et trouve, posé dans la neige, un bébé qui a été jeté d’un des nombreux trains qui traversent sans cesse leur bois. Elle le recueille alors et va le protéger coûte que coûte. Cette petite marchandise, comme elle est appelée, va bouleverser la vie de cette femme et de son mari ainsi que de tous ceux qui vont croiser son chemin...

C’est depuis octobre 2020 et le beau Josep d’Aurel que nous n’avons pas mis un film d’animation en film du mois. Cette très belle réussite le mérite amplement. Et encore une fois, rappelons que l’animation ne se destine pas uniquement au jeune public et que ce film, en particulier, n’est absolument pas pour les petits.

Ce conte, qui révèle le pire comme le meilleur du cœur des humains, est un projet de longue haleine (le temps de fabrication de l’animation étant toujours très long) dans lequel Michel Hazanavicius s’est beaucoup investi. En tant que réalisateur, bien sûr, mais aussi de par ses propres origines, parce qu’il connaît depuis très longtemps Jean-Claude Grumberg, ami de ses parents, et aussi parce qu’il y a utilisé ses propres dessins pour créer les  personnages de cette évocation délicate et puissante de la Shoah.

Et aux côtés de l’émotion provoquée par le film et la voix de Jean-Louis Trintignant, celles de Dominique Blanc, Grégory Gadebois et Denis Podalydès ne sont pas en reste.

JF