Entre deux traitements lourds à l’hôpital, Mathilde, une prof d’une soixantaine d’années, emprunte les couloirs de la gare du Nord pour retourner chez elle, en banlieue. C’est là qu’elle rencontre Ismaël, un étudiant d’origine maghrébine qui fait des enquêtes pour financer son doctorat. Son sujet : la gare du Nord… qui pour lui est un village planétaire. Aussitôt, le courant passe. Amitié ? Amour ? Ismaël redonne le goût de vivre à Mathilde dont le cœur se met à battre « comme une fille de 15 ans ». A sa suite, elle va découvrir les secrets de cette Babel où transitent des millions de voyageurs, où se croisent des millions d’histoires…

Car c’est le génie d’un lieu qu’a choisi de révéler la réalisatrice. Pendant 6 mois, avec 3 collaborateurs, elle a exploré la gare, elle a enregistré des centaines d’histoire pour nourrir son récit. Elle s’est plongée en « immersion » comme on le dit dans les enquêtes sociologiques. A partir de ce matériau, incroyablement riche, elle a écrit une fiction où la gare est le point de rencontre de plusieurs histoires : celle, belle et dramatique, de Mathilde (Nicole Garcia, magnifique) et de Ismaël (Reda Kateb) mais aussi celle de Sacha (François Damiens), acteur médiatique de caméra cachée, qui cherche sa fille disparue et Joan (Monia Chokri) vivant une séparation douloureuse entre deux trains, loin de ses enfants…

Claire Simon est devenue célèbre grâce à ses documentaires Récréations (92), Coûte que coûte (95), 800 km de différence (00) avant de réaliser des longs métrages de fiction où s’entrelacent étroitement l’aspect documentaire et la fibre romanesque : Sinon oui (97) Les Bureaux de Dieu  (08) dans un mélange qui ne tient qu’à elle.

Après ce film passionnant, impossible en tout cas de voir les gares parisiennes… avec le même regard.

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