Deux jours, une nuit
de Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne
Genre : Drame
Nationalité : France
Année de sortie : 2014
Durée : 01h30
Version : Couleur
Public : Tout public
Sandra est sur le point de perdre son emploi, et n'a plus d'autre choix que d'aller convaincre ses collègues de renoncer à la prime qui leur est promise. Elle n'a pour délai qu'un seul week-end... Dans cette lourde tâche, elle sera épaulée par son mari.
Après le très beau Le Gamin au vélo, qui avait obtenu le Grand Prix à Cannes l'année de sa sortie (2011), les frères Dardenne reviennent avec un neuvième long métrage de fiction (tourné principalement en Belgique), qui s'insère très logiquement dans leur travail précédent: au plus près de l'humain, dépourvu d'effets appuyés ou d'inutile pathos...
Sandra sort à peine d'une dépression lorsqu'elle apprend que le chef de son équipe d'usine a donné à ses collègues le choix entre deux solutions: soit ils touchent une prime d'un millier d'euros, soit Sandra est ré-intégrée dans l'équipe. A une écrasante majorité, les collègues de Sandra ont préféré leur prime ("un an de gaz et d'électricité", comme le dit l'un d'eux) au maintien de Sandra...
Elle apprend cela un vendredi après-midi; poussée par une collègue et amie, elle obtient du directeur qu'un nouveau vote ait lieu lundi matin, à bulletins secrets. Il lui reste donc un week end pour convaincre ses collègues de sacrifier 1 000 euros pour qu'elle ne soit pas licenciée...
Les frères Dardenne n'ont jamais fait un cinéma manichéen ou de dénonciation et, sur un sujet aussi sensible que celui-ci, ils ne dérogent pas à cette règle et chaque rencontre que fait Sandra sous nos yeux est l'occasion de présenter un peu différemment une facette du dilemme auxquels tous font face... lâches, égoïstes, solidaires, généreux... ils sont tous un peu différents et sont presque toujours humains.
La caméra des Dardenne suit Sandra/Marion Cotillard avec une remarquable fluidité, la mise en scène, toujours très élégante et discrète, fourmille de petites trouvailles et, très vite, le combat de cette femme déjà mise à terre devient pour nous de toute première importance.
Deux jours, une nuit prouve par ailleurs une nouvelle fois l'immense talent de directeurs d'acteurs des deux cinéastes belges qui ont déjà à leur palmarès des découvertes qui ont nom Emilie Dequenne, Jérémie Rénier ou bien encore Olivier Gourmet...
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Les séances : Vous pouvez Acheter vos places en ligne
Ce film a été programmé aux cinémas Studio
- Semaine du Mercredi 21 Mai 2014 au Mardi 27 Mai 2014
- Semaine du Mercredi 28 Mai 2014 au Mardi 3 Juin 2014
- Semaine du Mercredi 4 Juin 2014 au Mardi 10 Juin 2014
- Semaine du Mercredi 11 Juin 2014 au Mardi 17 Juin 2014
- Semaine du Mercredi 18 Juin 2014 au Mardi 24 Juin 2014
Définition des pictos :
- Séance 3D
- Ciné Relax
- Version française
- V.O + Sous-titrage (FR)
- Sans Paroles
- Audio description
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Commentaire de CLAUDE DU PEYRAT |
Au commencement du film, une grosse prise de risque des deux réalisateurs. Sandra est jeune, séduisante, mais son corps et son esprit sont fatigués, las, courbés dirait-on comme dans cette scène où Sandra monte lourdement les étages, le corps comme écrasé par la caméra qui la filme en plongée.
Le défi est immense: Sandra sort de dépression et n'arrive plus à communiquer vraiment avec les autres. Et voici qu'il lui faut aller trouver ceux qui ont voter contre elle, contre le maintien de son emploi, pour pouvoir garder leur prime. Il lui faut les rencontrer et surtout les convaincre, trouver les mots qui pourraient retourner leur choix. Terrible tâche, qu'elle veut fuir. D’où son choix le dimanche soir de se suicider, de disparaître : une démission légitime (ou du moins compréhensible) devant l’immensité du fardeau.
Serait-elle au mieux de sa forme que le défi serait déjà insurmontable: persuader des collègues souvent en difficulté financière de renoncer à leur prime de 1000 euros pour qu'elle garde son emploi. Il faut de l'audace, de l'aplomb, peut-être un brin d'inconscience.
Or, plus elle avance, plus Sandra est au contraire consciente, notamment de jouer le mauvais rôle et de ne peut-être pas être dans son droit. Elle doute de plus en plus. Jusqu'à cette révélation finale, au moment où elle a perdu sa bataille, puis refusé de prendre la place d'un autre: alors elle est heureuse, son parcours (d’apprentissage) n'a pas été vain. Elle sait que l'AUTRE existe, pleinement humain, elle sait enfin ce que signifie être solidaire et combien de sacrifice cela exige. Elle peut regarder la vie en face, se redresser. Son corps et son esprit sont redevenus légers.
"Deux jours une nuit" est un film dérangeant, déstabilisant, mais bougrement humaniste. Bougrement humain. Peut-être le plus beau des frères Dardenne qui en ont pourtant réalisé de magnifiques. Et Marion Cotillard y fait preuve d'un talent immense, bouleversant. Chapeau, la Môme!
CdP
Commentaire de Hervé RIGAULT |
Un défi cinématographique qui était difficile à tenir : un quasi inventaire des mauvaises mais puissantes raisons qui font que la concurrence entre les salariés, rendue possible par la stratégie du choc, détruise toute solidarité, toute estime pour la personne humaine. Le risque était celui d'un didactisme trop pesant, les Dardenne y échappent, à mon avis, en faisant varier l'attention tantôt sur les personnages face à leur décision, tantôt sur le personnage de Sandra, ses doutes et sa fragilité.
Au final, cette courte mais intense bataille la verra ressortir grandie et plus forte.
Ils y parviennent également en utilisant les ficelles propres aux scénarii des films « de procès » comme « 12 homme en colère » où il s'agit de retourner un à un les membres d'un jury hostile.
Je pense aussi à cet autre film, certes un peu « feel good movie », de lutte, féminine également mais britannique, vu il y a un ou deux ans : « We want sex equality » rapportant un combat social victorieux mené il y a plusieurs décennies. Le contraste de situation entre les deux époques est frappant et montre bien quel a été le recul de notre civilisation pendant cette période.
Enfin faut il y voir un clin d'oeil : la chanson (« j'ai envie de vivre » qui redonne pour la première fois son sourire à Sandra est celle que l'on entendait au cours de la fête des papillons dans le « Henri » de Yolande Moreau ?
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