À la fin des années 40 et dans les années 50, le FBI de Hoover et Anslinger a cherché à interdire à Billie Holiday de chanter « Strange Fruit ». Dans l’Amérique raciste et ségrégationniste de l’époque, on trouvait la chanson choquante mais on ne s’offusquait pas des lynchages...
La mise en scène et le montage fluides nous transportent via des glissements temporels de 1947 à 1959 ou dans des flash-backs sur l’enfance de Billie, le tout ponctué de quelques images d’archives.
L’interprétation de Anda Day est une performance exceptionnelle, ce n’est pas du playback, c’est bien l’actrice qui chante. La caméra tourne autour de Billie, elle l’effleure, la caresse, puis se pose fascinée, immobile, sur le buste et le visage aux lèvres incandescentes de l’interprète moulée dans une robe blanche ou noire ou rouge sang, éclatante et soyeuse, deux fleurs de magnolia blanches accrochées dans sa chevelure noire.
Le beau visage émouvant de Billie/Anda résume tout le tragique de cette histoire en trois couleurs, le blanc des fleurs, le noir des cheveux et de la peau, le rouge écarlate de ses lèvres.
Et malheureusement, le mouvement « Black Lives Matter » nous rappelle que tout ceci reste d’actualité.
Les paroles de STRANGE FRUIT (et leur traduction) sont disponibles sur de nombreux sites.