A Chiara est indéniablement un film puissant, il laisse des traces, MAIS je suis très gêné, à la fois par la forme et par le fond.
Le choix des caméras portées et des cadrages serrés est très à la mode en ce moment, il est censé apporter du réalisme, susciter de l’empathie et je trouvais que ça marchait très bien pour la séquence d’ouverture de Rosetta, mais faire tout un film comme ça avec en plus des scènes mal éclairées, mal cadrées, une musique lourde et envahissante, c’est vraiment énervant.
Mais le plus grave pour moi, c’est le message. Le dialogue improbable dans la voiture entre le jeune cousin mafieux et Chiara au sujet du peintre Raphaël est consternant : l'artiste doit sa célébrité au réalisme de ses toiles, à son refus de travestir la réalité, sous-entendu, comme le film qui nous montrerait la ‘NDrangheta telle qu’elle est, avec de bons pères de famille non-violents… « Je ne tue personne » dit le père, il se contente de faire du trafic de drogue, il n’est responsable de rien. Même si Chiara choisit finalement de rejoindre sa famille d’accueil, cette peinture de la mafia calabraise est pour le moins complaisante, c’est insupportable.