Une seconde mère

Une seconde mère

de Anna Muylaert

Avec
Regina Casé
Michel Joelsas
Camila Márdila
Karine Teles
Lourenço Mutarelli

Genre : Divers

Nationalité : Brésil

Année de sortie : 2015

Durée : 01h52

Version : Couleur

Public : Tout public

Val travaille pour une famille aisée de Sao Paulo depuis treize ans. Elle est vive, pétulante et extrêmement dévouée. Logée, sur place, nourrie, elle s'occupe de tout, du ménage aux repas, en passant par l'éducation de Fabinho, le fils de la famille avec qui elle entretient un rapport quasi filial. Mais avant de prendre son emploi à la ville, Val a eu une fille, Jessica, qu'elle a laissée à sa famille. Aujourd'hui, Jessica a l'intention de faire des études d'architecture et elle vient retrouver sa mère. Comme elle ne sait où loger, Val demande l'autorisation à ses patrons de l'héberger. Son arrivée va bouleverser l'équilibre de la maisonnée...

Une seconde mère se présente comme une comédie sociale entièrement axée autour du personnage de Val, incarnée par Regina Casé, immense vedette au Brésil, qui fait preuve d'un abattage irrésistible. D'une énergie sans faille, elle mène la danse. Puis, avec l'arrivée de Jessica, le film change peu à peu de ton, gravité et émotion s'invitant alors. Car Jessica n'est pas comme sa mère, elle ne respecte pas aveuglément les traditions anciennes et n'hésite pas à remettre en cause l'ordre établi. Reflets d'un Brésil en mutation, ces deux personnages ne sont pourtant pas des caricatures, et la réalisatrice prend le temps de montrer leurs diverses facettes et fêlures.

Plus connue, en France, comme scénariste (L'Année où mes parents sont partis en vacances de Cao Hamburger), que comme réalisatrice (c'est son premier film à être distribué dans notre pays), Une seconde mère est une œuvre enthousiasmante qui reste longtemps dans les esprits et qui sous ses aspects légers et divertissants à le mérite d'aborder très justement des sujets importants. Comme le dit Anna Muylaert, « Il y a un problème majeur dans le fondement même de notre société : l’éducation. Celle-ci peut-elle réellement exister sans affection ? Cette affection peut-elle s’acheter ? Et, si oui, à quel prix ? »

De plus, depuis qu'il circule de festival en festival, Une seconde mère ne cesse de rafler des récompenses, comme, par exemple, Le Prix du public Panorama au festival de Berlin, le Prix d'interprétation au festival de Sundance, et le Grand prix du festival de Valenciennes.

JF

Bande annonce

Les séances : Vous pouvez Acheter vos places en ligne

Ce film a été programmé aux cinémas Studio

  • Semaine du Mercredi 24 Juin 2015 au Mardi 30 Juin 2015
  • Semaine du Mercredi 1 Juillet 2015 au Mardi 7 Juillet 2015
  • Semaine du Mercredi 8 Juillet 2015 au Mardi 14 Juillet 2015
  • Semaine du Mercredi 15 Juillet 2015 au Mardi 21 Juillet 2015

Définition des pictos :


  • Séance 3D
  • Ciné Relax
  • Version française
  • V.O + Sous-titrage (FR)
  • Sans Paroles
  • Audio description

Votre avis

    Commentaire de CATHERINE FELIX |

    Ah ! La bella gente ! Ils aiment leur domestique si fidèle, si dépendante, qui leur renvoie une si belle image d’eux-mêmes : ils sont modernes, ils ont les idées larges ! D’ailleurs la « patronne », débordée par son travail de femme moderne, a abandonné l’éducation de son fils à sa bonne…
    Tout irait comme dans le meilleur des mondes possible sans le petit grain de sable qui va faire s’enrayer cette machine si bien huilée : la fille de la domestique que sa mère n’a pas pu élever et qui vient faire des études.
    Elle voit aussitôt la réalité de la situation de sa mère et elle refuse de se soumettre. Par son attitude, elle entraînera sa mère dans sa révolte sans drame, sans violence. Ah ! la scène où cette dernière dans la piscine à moitié vidée s’offre le luxe de braver enfin un interdit…
    Une lutte des classes tout en finesse et en émotion contenue.

    Commentaire de Hervé RIGAULT |

    Il y a beaucoup à voir dans cette comédie qui entremêle avec une grande acuité la question des rapports sociaux de classe et celle des rapports de genre à travers les relations filiales et conjugales dans le Brésil d'aujourd'hui.
    C'est d'abord l'harmonie qui semble régner, à distance, dans cette maison d'où ne sortirons que très peu. C'est « madame » Barbara, une femme d'affaires très en vue, qui impose sa domination sur son mari Carlos riche héritier mais artiste raté et son fils Fabinho, avec une bienveillance apparente qui n'exclue pas la condescendance. Val la domestique arrivée du Nordeste, a intériorisé les interdits implicites qui régissent leurs rapports, la seconde efficacement tout en chouchoutant l'adolescent. Elle « fait presque partie de la famille ». Nous sommes en pleine paix sociale.
    Deux événements viennent bouleverser cette tranquillité.
    L'arrivée de Jessica, la fille presque cachée de Val en premier lieu. Avec elle c'est un peu l'enfant des années de pouvoir de Lulla et du Parti des travailleurs qui fait irruption dans cette grande maison bourgeoise. Elle vient du Nordeste, une région dominée du Brésil mais, forte d'une scolarité réussie, ne nourrit aucun complexe envers les employeurs de sa mère. Partageant les mêmes références culturelles, elle parvient même à établir des rapports d'égalité avec Carlos et Fabinho. Avec de dernier, les rapports tendent même à s'inverser quand il échoue lamentablement à ses examens pendant qu'elle triomphe au concours d'entrée dans une prestigieuse école d'architecture.
    En second lieu c'est l'accident de circulation de « madame » Barbara qui va rendre la situation impossible. Contrainte de rester à la maison, elle se rend compte que la situation lui échappe. Le vernis consensuel finit par craquer. Telle une Angela Merkel tentant de régler son compte à Alexis Tsipras, elle entreprend de se débarrasser de l'intruse de manière de plus en plus insistante, quasiment violente. Le conflit se joue alors autour des espaces (la chambre d'amis, la cuisine ...) et des objets (la glace au chocolat et aux amendes, le cadeau méprisé, la plat de famille abîmé ...) afin de restaurer les rapports d'autorité et de propriété qui vont rarement l'un sans l'autre.
    De ce conflit et de la réussite du parcours méritocratique de Jessica, viendra enfin l'émancipation de Val symbolisée par la scène, presque déjà classique, où, bravant les interdits, elle se prend à patauger avec délice dans les eaux de la piscine qui lui étaient tacitement interdites. Elle est dorénavant prête à la rupture, d'autant plus que son petit protégé est contraint à un exil (doré) en Australie.
    Mais cette rupture avec la domination de classe qu'elle subissait a aussi une autre signification. Il y a une sorte d'homologie, au delà des différences de ressources sociales dont elles disposent, dans la situation de Val et de « madame Barbara ». Chacune a du, face à la domination masculine, faire sa place par le travail, ce qui passait par l'abandon de leur enfant à « une seconde mère ». Découvrant la maternité de sa fille, Val ne peut supporter l'idée que cette situation se reproduise pour Jessica. La seule solution qu'elle peut alors envisager est de quitter un travail, dont elle tirait tout de même certaines gratifications qu'elle pouvait faire valoir auprès de sa famille du Nordeste. Jorge, le fils de Jessica pourra grandir avec sa mère et l'ascenseur social pourra fonctionner (même si, aux dernières nouvelles l'économie Brésilienne semble marquer le pas).
    Le grand perdant s'avère être Carlos pour qui l'arrivée de Jessica avait fait l'effet d'une cure de jouvence un peu ridicule mais sincère. Ses dernières illusions envolées, il ne lui reste plus qu'à s'enfoncer dans un très long sommeil. Il lui reste quand même le Capital.

    Commentaire de CP |

    Ce film est vraiment porté par Régina Casé, qui est émouvante de bonté mais aussi de malice.
    Tableau subtil des relations complexes qui unissent "maîtres" et "serviteurs" et qui jette un regard cruel sur les rapports sociaux.
    Ce sont les enfants, qui portent un regard bien différent sur les contrastes sociaux, qui vont sérieusement fragiliser l'équilibre des rapports ambivalents entre Mme Barbara et Val.

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