Le film est fait de plans panoramique rendant compte de l’immensité du paysage qui alternent avec des plans plus serrés nous rapprochant des hommes au travail et des animaux, moutons, chiens, chevaux ... Le spectateur est donc bien mis en situation d’immersion dans le cadre même du récit autour de cette saison particulière de la Patagonie d’aujourd’hui.
En fait, il semble bien que ce soient plusieurs hivers que l’on peut suivre dans ce paysage immense et aride où seuls les moutons trouvent leur subsistance.
Il y a d’abord l’hiver du vieux contremaître, Evans. Usé, méchant et dépassé après des dizaines d’années passées dans l’extensia, il est jeté par la hiérarchie de la propriété. On comprendra qu’il a sacrifié l’affection des siens à cette terre. Ceux ci ne lui pardonneront pas.
Il y a aussi l’hiver physique quand la neige remplace les moutons. Pour le contremaître resté seul dans sa baraque, c’est le moment d’une effrayante solitude qui peut le conduire au bord de la folie.
Il y a enfin l’hiver économique avec le choix stratégique, pris par des propriétaires habitant à des milliers de kilomètres de là, en France, de mettre fin à l’économie pastorale pour lui substituer un tourisme dépaysant pour la jet set.
Ce sera enfin, l’hiver de Jara « Corrientes » dont les rêves de contrat pérenne, payés au prix fort, s’effondrent avec cette rupture économique. Mais peut être est ce aussi pour lui le moyen de ne pas reproduire l’échec de la vie du sombre Evans ?