Loving

Loving

de Jeff Nichols

Avec
Joel Edgerton
Ruth Negga
Marton Csokas
Nick Kroll
Jon Bass

Genre : Drame

Nationalité : U.S.A

Année de sortie : 2017

Durée : 02h03

Version : Couleur

Public : Tout public

« Loving », c'est leur nom de famille (si, si...) mais, somme toute, c'est un nom assez adapté à ce couple qui va se battre pour exister... en tant que couple, justement ! Imaginez un peu : en Virginie, dans les années 50, un Blanc s'entiche d'une Noire et la demande en mariage ! Cet acte était alors puni par la loi, ce qui vaut à nos deux amoureux de se retrouver en prison... Et, tenez-vous bien, ces deux-là n'étaient même pas des militants pour l'égalité des droits. Non, non, ils s'aimaient, voilà tout...

Jeff Nichols semble ne rien tant aimer que de prendre des genres cinématographiques assez bien balisés pour les tordre petit à petit jusqu'à leur donner une ampleur et une puissance totalement inhabituelle. Il avait déjà fait cela avec Shotgun stories (vrai-faux film de « vengeance chez les ploucs »), Take shelter (qui tordait admirablement le cou au genre «à  parano, parano et demi ») et avait élevé le film initiatique à un niveau rare avec Mud. Ici, il semble s'être fermement refusé à la facilité et au pathos ; préférant laisser les événements « vivre » sous nos yeux, les laisser arriver à l'écran de manière subreptice. Il préfère l'ambiance à la démonstration méthodique et, ce faisant, gagne bien mieux le spectateur à son propos.

Avec Loving, il part d'un fait divers parfaitement authentique, pour retracer une dizaine d'années du combat de ce couple qui se serait bien passé de voir sa situation personnelle remonter jusqu'à la cour suprême des États-Unis.

Mais, en fait, ce qui va l'intéresser, bien plus que les aspects judiciaires de leur combat, c'est leur quotidien, vers lequel qu'il va tourner sa caméra. À propos de caméra, on n'oubliera pas que J. Nichols soigne particulièrement l'image par laquelle il donne vie à des personnages d'une toujours très grande densité. Et, à propos de personnages, on gardera présent à l'esprit que Nichols sait toujours tirer le meilleur de ses acteurs, qu'il lui arrive même de littéralement révéler au public ou à la critique (on peut penser,  par exemple, à M. McConaughey, dans Mud ou M. Shannon, notamment dans Take Shelter!

Pari réussi: J. Nichols nous offre là un vrai beau film d'une grande tendresse, parfois presque virtuose avec discrétion et qui touche d'autant plus qu'il s'attache avant tout à l'histoire personnelle de ses deux "héros" (bien malgré eux!).

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Bande annonce

Les séances : Vous pouvez Acheter vos places en ligne

Ce film a été programmé aux cinémas Studio

  • Semaine du Mercredi 15 Février 2017 au Mardi 21 Février 2017
  • Semaine du Mercredi 22 Février 2017 au Mardi 28 Février 2017
  • Semaine du Mercredi 1 Mars 2017 au Mardi 7 Mars 2017
  • Semaine du Mercredi 8 Mars 2017 au Mardi 14 Mars 2017

Définition des pictos :


  • Séance 3D
  • Ciné Relax
  • Version française
  • V.O + Sous-titrage (FR)
  • Sans Paroles
  • Audio description

Votre avis

    Commentaire de CLAUDE DU PEYRAT |

    Loving est un film éblouissant, lumineux. Un petit chef d’œuvre.
    Au début, gros plan sur le visage d’une jeune femme noire, qui ne dit rien. Suit un gros plan d’un visage d’homme, bien blanc, bien blond.
    Les deux visages remuent les lèvres, pour parler, rien ne sort. Leurs lèvres bougent sans prononcer de mots. Puis la phrase arrive : la femme déclare qu’elle est enceinte. Nouveau silence. Le plan s’élargit : les personnages qu’on croyait de face, frontalement, à l’intérieur, sont en fait côte-à-côte dehors, devant leur maison. Puis le sourire de l’homme éclot comme une fleur, la nouvelle lui plaît, le rend heureux. Il faut voir ce début magistral. Le reste est à l’avenant. Pas une image approximative, pas un plan de trop. Un art de l’ellipse et des raccords tout aussi magistral. Cette perfection a agacé beaucoup de critiques, mais elle colle aux personnages, elle leur confère une humanité et une dignité très émouvante. Il y a chez Nichols un amour profond de ses personnages (et de ses acteurs), un respect qui force l’admiration.
    Si vous allez voir ce film juste pour l’histoire vraie, vous passerez à côté. Il n’y a rien de réaliste dans la façon de filmer du cinéaste. C’est du grand art, un grand jeu de mise en scène, de construction artistique (ce n’est pas du Ken Loach) et les personnages, leur histoire, nous sont ainsi offerts dans toute leur vérité nue. Juste des gens simples, peu habitués aux subtilités du langage, des êtres qui s’aiment, qui ont besoin de vivre ensemble, qui ne peuvent s’imaginer séparés.
    Ils ne sont pas militants, et Nichols respecte ce trait de leur personnalité en faisant de Loving un film non pas contre le racisme, mais sur l’amour simple, absolu de deux êtres dont l’un est blanc au teint blond, l’autre une femme noire et qui n’ont pas le droit de s’aimer. En filmant leur amour, Nichols réussit alors l’exploit de faire de ce film poignant un plaidoyer cinglant contre le racisme. Sans slogan, sans haine ; juste humain.
    Si vous aimez ce film magnifique, vous aurez peut-être la curiosité ou l’envie de lire un roman tout aussi magnifique, sur le même sujet (mais avec des personnages très différents), de Richard Powers, intitulé dans sa traduction Le temps où nous chantions. Plus de 1000 pages, mais qui vous tiennent en haleine jusqu'au bout.
    CdP

    Commentaire de Philippe Plisson |

    "Tell the judge I love my wife". Voilà le message simple que Richard demande à son avocat de transmettre à la Court Suprême. Après projection, je me demande vraiment si le réalisateur en dit beaucoup plus avec son film que Richard aux juges.
    L'histoire originale est à la fois simple et forte. A mes yeux, le film a atteint l'objectif de simplicité jusqu'à friser l'ennui, mais a raté celui de la force. Cela dit, le film a au moins le mérite de faire connaître cette histoire vraie.

    Commentaire de Philippe Plisson |

    la Cour suprême

    Commentaire de Jacques Chenu |

    J’ai totalement adhéré au point de vue proposé par le réalisateur Jeff Nichols. Ce film raconte une histoire d’amour simple, presque banale, mais le lieu et l’époque la rendent exceptionnelle. Un blanc et une noire qui s’aiment en Virginie dans les années 50, c’est un tabou, un défi à l’ordre moral et religieux. Richard et Mildred sont des gens ordinaires, ils ne sont pas des héros ni des militants, ils veulent simplement vivre en paix, ensemble et dans leur comté natal. Jeff Nichols filme leur vie quotidienne sans emphase, très sobrement, dans les magnifiques paysages de Virginie. J’ai particulièrement apprécié l’utilisation de la profondeur de champ : dans certains plans, le sujet principal se détache très nettement avec un arrière-plan flou et pourtant bien distinct, souvent menaçant, pour bien montrer l’omniprésence du danger. Les deux acteurs principaux, Ruth Negga (Mildred) et Joel Edgerton (Richard) incarnent parfaitement la simplicité et l’entêtement de ce couple non politisé, non intellectuel, qui se contente de répéter que ce n’est pas juste et qu’ils veulent seulement s’aimer librement. Pour moi, toute cette simplicité renforce l’impact du message. C’est une belle réussite.

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