Pour moi, ce film est une réussite. Il est bien ancré dans un contexte historique (la crise de 29, la prohibition, Roosevelt…) et dans un contexte géographique (Boston, puis la Floride et ses marécages). Il raconte une histoire de gangsters au début des années 30, avec Joe Coughlin, personnage principal sobrement interprété par Ben Affleck. Il est beaucoup question de violence, qu’elle soit institutionnelle (celle des guerres, de la police…) ou sociétale (inégalités, gangs…). Joe a participé à la guerre de 14 /18, il en est revenu écœuré et désabusé, cynique, décidé à ne plus obéir à aucune loi. La culpabilité est omniprésente, avec le poids de la religion et le très beau personnage de shérif interprété par Chris Cooper. La vie à cette époque et dans cette société ressemble à marigot dans lequel pataugent politiciens et policiers corrompus, religieux illuminés, hystériques racistes et stupides du Ku Klux Klan, et bien sûr la pègre qui prospère dans ce « milieu aquatique ».
L’ensemble est bien filmé, avec de très beaux plans aériens des marécages, images très symboliques, mais dans un style un peu trop hollywoodien : images léchées, effets spéciaux dans les scènes de bagarres... Cette histoire de « Parrain », moins sombre et forte que celle de Coppola, m’a quand même captivé.