Les coutures de cette histoire sont certes un peu trop visibles avec ses scènes attendues, mais ça marche très très bien. J’ai été conquis, emporté sur les routes du sud profond du début des années 60. Viggo Mortensen en plouc bagarreur inculte et raciste et Mahershala Ali en artiste hautain, mégalo, mais surtout brillant et très cultivé, nous régalent à travers leurs dialogues surréalistes. C’est drôle, loufoque mais aussi parfois terrifiant ; aux scènes cocasses succèdent des évènements douloureux.
La grande réussite du film tient dans le parcours, l’évolution des personnages qui apprennent à se connaître et surtout à reconnaître leurs propres faiblesses pour finir par s’apprécier et même s’estimer mutuellement. C’est d’autant plus puissant et émouvant quand on sait que ce road-movie est inspiré de faits réels, malheureusement en résonance avec la situation actuelle. Même quand on connaît un peu l’histoire du sud ségrégationniste, on est sidéré devant la bêtise et l’arrogance des sudistes blancs.
Avec en plus, la musique de Don Shirley qui vient ponctuer ce récit initiatique, j’ai été comblé du début à la fin.