Les frères Taviani adaptent quelques contes tirés du Decameron de Boccace. Difficile de ne pas penser au Decameron de Pasolini, truculent, tendre parfois, violent souvent. Ce que Pasolini avait gommé, la peste à Florence, ne s'attachant qu'aux contes, les frères Taviani l'exploitent comme le lien indispensable entre tous les contes. Et c'est cela la réussite du film : la peur de la mort viscéralement ancrée dans tous les personnages. Une image saisissante : celle de corps couchés mais comme jetés dans le désordre dans une prairie... Les visages sont blêmes et suants... Une dormeuse dans son sommeil chasse un insecte invisible qui tournerait autour de son visage... Elle avait fait le même geste, confrontée à la maladie dans la ville de Florence... Et juste après cette scène, la décision est prise de retourner à Florence : le palais dans la nature toscane a peut-être protégé les corps mais il n'a pas sauvé les esprits de l'angoisse...
L'adaptation des contes est faible et la faiblesse devient de plus en plus évidente, notamment dans le dernier conte où le noble ruiné sacrifie son bel oiseau de proie pour rien finalement. Le champ-contrechamp entre le maître et l'oiseau avant le meurtre frise le ridicule, le petit tas de plumes dans un plat aussi.
De belles images soutenues par une musique léchée certes, mais aucune truculence, aucune force, une grande platitude qui finalement génère la distance et l'ennui et l'on se prend à regretter l'inégalable Pasolini.