Je suis déçu par ce film de Todd Haynes dont j’attendais beaucoup. Tout est lisse dans cette reconstitution du New York des années 50 : les voitures, les décors, les personnages ; les mouvements de caméra sont fluides, on voyage trop confortablement dans cette histoire. J’ai bien aimé le personnage de Therese interprété par Rooney Mara (très bien). En revanche j’ai trouvé le personnage de Carol (Cate Blanchett) glacé et glaçant, elle donne l’impression de surjouer le côté figé et la séduction, avec peu d’émotions, quelques battements de cils et autres minauderies, c’est tout. J’ai bien conscience que ce jeu, tout en fausse retenue est au service du propos du film, à savoir la dénonciation d’une société corsetée, intolérante et homophobe, mais ça ne m’a pas touché. Il y a heureusement quelques scènes fortes avec les avocats au sujet du divorce, mais l’ensemble est trop long, trop ouaté. D’autre part, j’ai trouvé le traitement des seconds rôles trop superficiel, à commencer par le mari de Carol. Celui-ci semble plutôt faible et amoureux dans les scènes où il apparaît, alors que Carol dénonce son autoritarisme et son égoïsme. C’est probablement un personnage complexe, mais on est frustré de ne pas mieux le connaître et le comprendre. De même, le contexte sociologique pourtant clairement affiché puisque les deux héroïnes appartiennent à des milieux très différents, est à peine effleuré, tout est beau, tout va bien… En résumé, pour moi, Carol est un film plat, peu abouti et peu enthousiasmant.